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Somalie: un parpaing attristé de servir pour une lapidation plutôt que pour la construction d’une maison

C’est un élément de maçonnerie qui a décidé de raconter sa bouleversante histoire. Son prénom : Amina. Sa tragédie : être née parpaing en Somalie. Un Destin qui a obligé Amina à être très vite instrumentalisée par la milice islamiste Al-Shabbaab. En effet, ce bloc, que le hasard a fait naître sur ce territoire en guerre, est depuis plusieurs semaines utilisé dans le cadre des tristement célèbres lapidations qui ont lieu en Somalie. Une participation forcée à l’horreur alors qu’Amina aurait préféré contribuer à la construction d’une maison.

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C’est donc jeudi dernier que les Shebab somaliens ont visiblement franchi une limite morale pour Amina. Ces derniers ont contraint l’innocente brique à se projeter contre le visage d’une femme somalienne jugée coupable d’adultère par les tribunaux islamiques. Une victime dont Amina ignorait jusqu’au prénom. Aujourd’hui l’aggloméré témoigne : « Je n’ai pas eu le choix. Un milicien m’a saisie de force dans sa main et m’a lancée en direction de la tête de cette femme qui était recroquevillée sur le sol. C’était horrible. Si j’avais pu me rebeller, je l’aurais fait. Mais je ne suis qu’une pierre…»

Après cette funeste expérience, c’est une profonde tristesse qui règne dans la tête d’Amina : « Je ne voulais pas être projetée contre le visage de cette jeune femme. Je ne la connaissais même pas. On aurait très bien pu être amies… » et la jeune brique de continuer : « J’aurais tellement voulu servir à quelque chose de plus positif comme être utilisée pour bâtir les fondations d’une maison. L’instrumentalisation ne me dérange pas, pour tout vous avouer. En revanche le « pour quoi ?» compte vraiment pour moi. »

Une problématique internationale

Amina le parpaing dit ne plus vouloir participer à ce genre d’exécution. Elle a même décidé de prendre les choses en main et affirme vouloir passer par l’action collective : « J’ai contacté une association de cannes en rotin qui sont régulièrement utilisées pour fouetter des personnes jugées coupables en Malaisie et à Singapour. Elles aussi disent « saturer ». On songe peut-être à monter ensemble une ONG pour appeler à une plus ferme réglementation de notre utilisation dans le monde. »

Une première piste donc pour tenter de créer un « mouvement contre la stupidité et l’horreur » comme l’appelle de tous ses vœux Amina. Et la jeune pierre pourrait bien trouver de nombreux alliés dans ce combat comme elle le souligne : « Je sais également que pas mal de batteries de voitures sont également intéressées par ce projet. Beaucoup d’entre elles commencent à en avoir marre de ne pas être mises à contribution pour leur rôle d’origine, c’est-à-dire faire marcher une voiture. Dans de trop nombreux cas, elles servent plutôt à obtenir des informations dans des prisons du monde entier où le respect des droits de l’homme n’est…comment dire…pas top-top. »

Illustration: Istock / Claudiad

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