Société
Un huissier saisit en toute discrétion l’un des reins de Bernard Tapie
Villa à Saint-Tropez, hôtel particulier rue des Saints-Pères à Paris, jet privé et groupe de presse…Il y a une semaine nous apprenions la saisie conservatoire des biens de Bernard Tapie dans le cadre judiciaire de l’enquête sur l’arbitrage controversé entre l’homme d’affaires et le Crédit Lyonnais. Aujourd’hui, nouveau coup dur pour M.Tapie puisque la justice a saisi cette nuit un organe de ce dernier. L’opération a eu lieu dans un hôtel de la capitale où un huissier assermenté s’est rendu pour mettre la main sur ce bien. Récit.
« M. Tapie a potentiellement touché de l’argent qui ne lui revenait pas de droit. La justice a donc décidé de saisir à titre conservatoire tous les biens qui ont un lien de près ou de loin avec cet argent. C’est pour ça que je suis là cette nuit », nous explique avec fermeté Roland Copeck, l’huissier mandaté par les juges Tournaire et Daïeff. Dans le cadre de sa mission, M. Copeck se dit « paré à toute éventualité » et déterminé à aller jusqu’au bout peu importe les résistances qu’il pourra rencontrer.
C’est donc à l’hôtel Costes de la rue du faubourg Saint-Honoré à Paris où réside actuellement Bernard Tapie que l’officier ministériel s’est rendu armé d’un mandat officiel et d’un scalpel particulièrement aiguisé pour l’occasion. Quelques minutes avant son irruption dans la chambre de M.Tapie, l’huissier de justice nous témoigne une certaine fébrilité : « C’est jamais facile pour les gens qui se font saisir un ou deux organes dans le cadre de démêlés financiers. C’est pour ça qu’on essaie d’être généralement le plus diplomate et surtout le plus discret possible. » Et l’homme de préciser : « Là j’attends juste qu’il s’endorme et après on pourra entrer », tout en collant son oreille sur la porte de la chambre de Bernard Tapie.
Quelques minutes après, une fois que les premiers ronflements se mettent à émaner de la chambre, le représentant assermenté pénètre alors dans la suite après avoir habilement crocheté la serrure de la porte d’entrée. Ce dernier procède ensuite à une anesthésie locale sur Bernard Tapie dans la zone du bas du dos. Un geste technique difficile à réaliser selon lui : « Vous voyez c’est quasiment le moment le plus dur de l’opération. Il ne faut pas que la personne à qui l’on inflige l’anesthésie ne sente l’aiguille sous peine de se réveiller. Car s’il se réveille ça compliquerait instantanément les choses », détaille-t-il tout en anesthésiant l’homme d’affaires.
Une formalité
Une fois ce moment critique passé, Roland Copeck entame une ablation en bonne et due forme de l’un des reins de celui qui est mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Un acte chirurgical qu’il maîtrise étonnement à la perfection : « En parallèle de la formation juridique, tous les huissiers de justice suivent également des cours d’anatomie et de médecine afin de pouvoir remplir au mieux ce genre de missions. Nos connaissances sont évidemment bien plus sommaires que celles d’un vrai chirurgien mais cela suffit pour obtenir le bien que la justice souhaite saisir, sans pour autant mettre en jeu la vie de la personne saisie évidemment », nous explique-t-il tout en extrayant le rein gauche pour le placer dans une petite caisse remplie de liquide de conservation.
Savoir se retirer
Pour M. Copeck, le plus dur vient d’être fait. Ne lui reste plus qu’à recoudre l’incision faite en bas du dos de Bernard Tapie. Une tâche dont il s’acquitte sommairement en posant grossièrement une quinzaine de points de suture pour éviter toute hémorragie qui pourrait s’avérer mortelle. Une fois M.Tapie recousu, l’huissier de justice se retire de la chambre sur la pointe des pieds en prenant soin de laisser sur la table basse l’ordonnance de saisie du tribunal. Puis l’homme sort de la chambre en veillant à ne pas claquer la porte. Ni vu ni connu. Une fois de plus la justice a frappé.
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