Au delà du Périphérique
Le GIGN délivre un internaute prisonnier d’une publicité vidéo de 30 secondes sur Internet
BEAUMONT – Un jeune homme de 19 ans a été séquestré pendant plus d’une vingtaine de secondes par un extrait vidéo intrusif dit « pré-roll » alors qu’il naviguait sur Internet. Il aura fallu une intervention musclée de l’élite de la gendarmerie pour le libérer.
Trente longues secondes. C’est le temps durant lequel Maxime Roulond a été l’otage hier d’une publicité vidéo au cœur de sa chambre de Beaumont, dans le Val d’Oise. Au 7bis de la rue Marcel Cerdan, le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) a été dans l’obligation d’intervenir vers 20h55 pour libérer ce jeune étudiant en commerce international et mettre hors d’état de nuire l’ordinateur sur lequel le film publicitaire était diffusé. Vingt secondes plus tôt, un voisin donnait l’alerte.
20H54. Rentré de chez un copain, Maxime Roulond se pose devant son écran de PC. Il ouvre un navigateur Internet puis décide de regarder en replay l’une de ses émissions de télévision favorite. Il tombe alors sur une pub pour un forfait mobile. Il change de fenêtre en attendant que la pub se termine. Le spot se bloque. Il retourne sur la page en question. La pub redémarre. Aucun doute. Il vient d’être pris en otage par un « pre-roll » de 30 secondes avec aucun moyen d’en réchapper.
Quand les gendarmes de la compagnie de Beaumont sont prévenus et arrivent sur place, ni le jeune homme ni la publicité à l’origine de la séquestration ne répondent, que ce soit aux coups de sonnette ou au téléphone. Une trentaine de militaires quadrillent alors le quartier : « Un voisin nous a appelés en disant avoir entendu un cri, puis plus rien à l’exception d’une voix qui vantait les mérites d’une offre 4G. On a tout de suite compris qu’il s’agissait d’une nouvelle affaire de publicité en ligne et nous sommes arrivés le plus vite possible. » explique le porte-parole de la gendarmerie nationale.
Vers 20H55, un négociateur de crise tente d’établir le contact avec la vidéo en ligne. Il réussit à obtenir le numéro de portable de Maxime Roulond, qui répond à quelques-uns de ses appels pour assurer les forces de l’ordre de sa bonne santé. Mais ses propos restent pour le moins confus et, à cet instant précis, les gendarmes ne savent pas si le jeune homme est toujours devant son ordinateur. Pour en être sûr, une géolocalisation du téléphone portable est effectuée. La publicité vidéo et son otage sont bien retranchés à l’intérieur de la chambre.
Une demi-douzaine de secondes plus tard, une poignée de membres du GIGN sont déployés. Ils tentent la négociation. Echec. La vidéo refuse toujours d’établir le contact avec son interlocuteur. Quand les gendarmes décident finalement d’intervenir pour éviter le pire, la porte d’entrée s’ouvre d’un coup. Maxime Roulond sort de sa chambre en larmes, sans pouvoir dire un mot « Nous avons alors donné l’injonction à ce spot de pub de se rendre », raconte un gendarme présent sur place.
Malheureusement, après une série de mises en garde sans réponse, le GIGN pénètre finalement dans la chambre et constate l’absence de vidéo publicitaire : « Elle avait déjà pris la fuite et l’émission de télé qu’avait lancée la victime était à l’écran depuis 2 minutes. Cela arrive souvent avec ce genre de preneur d’otage. Ils surgissent d’un coup, séquestrent leur victime sur un temps très court et repartent comme ils sont venus, en un claquement de doigts. » a expliqué le porte-parole de la gendarmerie.
Fait divers ou véritable phénomène ?
Ce genre de séquestration semble proliférer comme la gangrène, à en croire les différents témoignages qui se multiplient ces dernières années. « Effectivement, on intervient de plus en plus pour ce type de situation depuis 18 mois. Deux tiers de nos effectifs sont mobilisés sur ce que nous appelons des « exfiltrations publicitaires » détaille un cadre du GIGN.
Des forces de l’ordre qui travaillent de plus en plus en étroite collaboration avec les pompiers sur des opérations de cette nature. « Il y a une semaine, après avoir libéré une autre victime d’une vidéo pré-roll, la personne s’est fait écraser par une autre bannière publicitaire de 728 pixels sur 90. Il a donc fallu l’aide des pompiers pour la dégager de là. » explique ce même cadre.
La Rédaction
Illustration : Wikicommons / GENDARMERIE
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