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« Cher Luis, lorsque tu m’as mordu, j’ai ressenti du plaisir » par Giorgio Chiellini, footballeur
L’Italien revient sur cet épisode du Mondial qui l’a marqué tant physiquement que sentimentalement.
Cher Luis,
Tu l’as vu. J’ai grimacé. J’ai crié et j’ai essayé de faire en sorte que l’arbitre siffle la faute.
Mais derrière ce petit spectacle un peu exagéré, un autre drame se jouait en moi et je ne trouve qu’aujourd’hui la force de le rendre public.
Lorsque tu m’as mordu, Luis, j’ai ressenti du plaisir.
Plus que du plaisir en fait. Une douleur délicieuse et coupable qui m’obsède depuis dix jours.
Dans l’avion déjà, je pensais à ces beaux morceaux d’ivoire qui te sortent du visage et à la violence avec laquelle tu m’en as fait profiter. Et puis je caressais un à un à travers ma chemise les petits trous qu’ils avaient laissés sur ma peau. Balotelli me regardait bizarrement. Mais je lui ai dit d’aller se faire foutre.
Chaque nuit depuis, je fais le même rêve. Nous sommes couchés ensemble sur la pelouse d’un stade vide, toi en costume et moi tout nu. Tu me regardes tendrement et tu commences à manger mon visage.
A côté de nous, il y a un arbitre sans short qui sort des cartons rouges avec mon nom dessus. Et puis un peu plus loin, la silhouette de mon père qui sanglote en silence.
Je me réveille en sueur. Et je suis en érection.
Du coup, j’ai demandé à ma copine l’autre jour de me mordre un peu au niveau du sexe. Mais elle ne mord pas assez fort et après elle hurle en italien que je suis « une sale fiotte » qui devrait se faire soigner.
Alors j’ai craqué. J’ai trouvé ton numéro sur l’annuaire VIP de la FIFA et je t’ai appelé.
Oui, Luis, c’était moi, hier, le type qui respirait très fort dans le combiné pendant que tu disais en espagnol « Allô ? Allôôôô ? Qui est à l’appareil ? Allô !! Putain c’est quoi ce bordel ?! »
Tu sais, il m’a fallu du courage pour t’écrire cette lettre. Parce que les Italiens n’aiment pas beaucoup qu’on sorte des sentiers battus de l’érotisme. Et lorsque mes amis vont apprendre l’existence du feu coupable que tu as allumé, eh bien ils vont cesser d’être mes amis.
Mais je m’en fous mon tendre Luis. Ce que je veux c’est revivre une fois au moins cette seconde bénite où tes grosses dents sont entrées en moi.
Prends donc le temps qu’il te faudra.
Et sache que chaque jour, en attendant, je gratterai les plaies sublimes que tu m’as laissées.
Pour ne jamais qu’elles cicatrisent.
Ton dévoué,
Giorgio
Illustration : capture d’écran