Société

Il téléphone fort dans le bus pour que les gens le remarquent et l’aiment

NANTES – Geoffrey Lebrun a 31 ans, le costume un peu trop large, un petit sac à dos sur le dos. Il est informaticien, et avoue qu’il n’a pas beaucoup d’amis en dehors des collègues qu’il fréquente depuis plusieurs années. Connu dans les transports en commun nantais pour sa voix puissante et ses sujets de conversation tournant systématiquement autour de son travail, il a voulu s’expliquer lors d’une interview exclusive qu’il a accordée pour Le Gorafi News Network.

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Le Gorafi : Bonjour Geoffrey. Pourquoi parlez-vous si fort au téléphone dans le bus ?

Geoffrey Lebrun : C’est une technique bien rodée. Vous savez, ça ne m’amuse pas de raconter très fort des détails techniques sur le support informatique de mon entreprise dès 8h du matin. Mais il faut bien que j’avance dans ma vie et que je commence à fréquenter des gens, me faire un cercle d’amis… Gueuler au téléphone, ça me donne l’impression d’exister, de vivre, d’avoir un poste important. Je veux impressionner les gens autour de moi, qu’ils m’aiment et souhaitent devenir mes amis… Et pourquoi pas, trouver une copine ? (il rougit)

Le Gorafi : Avez-vous toujours un correspondant « au bout du fil » ?

Geoffrey Lebrun  : Bien sûr que non ! En revanche je fais toujours semblant que cet appel me dérange, que j’ai bien d’autres choses à faire, mais que je suis obligé de répondre. Quand je raccroche, j’aime fixer la personne devant moi en lançant un « encore le boulot…  » en espérant qu’elle me réponde.

Le Gorafi : Pouvez-vous nous donner un exemple ? Quel est votre discours ?

Geoffrey Lebrun  : Avec plaisir. Et pour vous faire une fleur, je ne vais pas parler en langage technique. Il suffit juste de parler du travail et des contraintes. C’est facile, regardez. Allez je me lance ! (il décroche son téléphone, en faisant mine d’être agacé) : « Allô ? Ah je croyais avoir été assez clair en réunion… Comment ça le projet est avancé ? Et le planning t’en fais quoi ? Écoute je fais déjà des horaires pas possibles, là ça va être vraiment short pour tenir les délais… Ah d’accord. Bon écoute ce que je te propose c’est de passer te voir au centre tout à l’heure… » (il continue ensuite pendant 5 minutes en se grattant la menton et en fronçant les sourcils).

Le Gorafi : Est-ce que votre technique a déjà fonctionné ?

Geoffrey Lebrun : On m’a déjà demandé de parler moins fort. C’est déjà une belle victoire pour moi.

Le Gorafi : Avez-vous conscience d’être une ordure ? Le sida des transports ?

Geoffrey Lebrun : Je n’ai aucun remords. Jamais.

La Rédaction

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