Politique
Anniversaire des attentats : bientôt un abattement fiscal pour les personnes qui se déclarent être Charlie
C’est une réforme autant qu’un hommage : les futures déclarations d’impôts sur le revenu intégreront une question visant à déterminer si le déclarant se sent Charlie ou non, et à quel degré. Ajoutée à la section « État civil », elle se situera entre le statut de veuve de guerre et le nombre d’enfants à charge, et pourra donner lieu à 10% d’abattage sur les revenus de l’année suivante.
Les contribuables n’auront qu’à cocher « oui » ou « non », sur la base de leur ressenti personnel au cours de l’année écoulée. En cas de réponse positive, un degré d’appréciation devra également être fourni, avec 4 réponses possibles : « moui », « plutôt », « tout à fait », « carrément ».
Comme pour les éléments traditionnels de la déclaration, cette réponse engagera l’honneur et la bonne foi du déclarant et sa véracité pourra être vérifiée par un contrôle inopiné, au domicile ou sur le lieu de travail: en cas de doute, un huissier de justice assermenté pourra placer le déclarant face à des chroniques d’Emmanuel Todd et Eric Zemmour afin d’observer ses réactions. L’absence de photo de profil « Je suis Charlie » sur les réseaux sociaux au cours de l’année passée sera vraisemblablement un critère rédhibitoire.
« Peut-on se sentir sincèrement Charlie lorsque l’on est immigré ou homosexuel ? », s’interroge déjà Christine Boutin
À peine annoncée, la mesure divise déjà à gauche comme à droite : Christiane Taubira a estimé hier qu’elle reviendrait à stigmatiser plus encore la minorité qui ne se sent toujours pas Charlie, et dont certains, épuisés du harcèlement dont ils font l’objet, se sont déjà regroupés en communautés semi-autonomes dans le centre de la France.
Du côté de l’opposition, certaines voix ont timidement tenté de faire entendre « qu’être Charlie ou non ne faisait pas réellement avancer le débat », pas plus que cela ne créait une quelconque valeur économique justifiant le moindre abattement. Mais la vraie charge a été menée par Christine Boutin, qui s’est interrogée sur les dérives potentielles du texte : « peut-on se sentir sincèrement Charlie lorsque l’on est arabe, immigré ou pire, homosexuel ? J’exige un vrai débat citoyen sur cette question ».
Stoïque, le gouvernement a préféré répondre à ces attaques par des précisions d’ordre purement juridique : pas plus de 3 personnes se déclarant Charlie par foyer fiscal et par an, pas de cumul de l’abattement et non-réversibilité de la réponse – entre autres dispositions qui devront être spécifiés ultérieurement.