France
Candidats « du système », « anti-système », « hors-système »… Le Système répond enfin. Notre entretien exclusif
Qui est vraiment ce Système, en opposition duquel tous les candidats à la présidentielle tentent actuellement de se définir ? Alors qu’Emmanuel Macron se voyait encore taxer de « candidature du système » par Marine Le Pen la semaine dernière, tentative de réponse et de définition par le principal intéressé.
Le Gorafi : Bonjour le Système. Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter à nos lecteurs ?
Le Système : Bonjour et merci de me recevoir. Je suis le Système, je suis né le 4 octobre 1958 à Paris, où je réside. Pour faire simple, j’incarne l’ensemble des structures et institutions politiques, économiques, institutionnelles et gouvernementales françaises. Grandes écoles, grandes entreprises, grandes administrations, grandes organisations internationales et européennes, partis politiques, lobbies… Tout ça, c’est le Système. Et le Système, c’est moi.
LG : Vous vous trouvez actuellement au cœur du débat présidentiel, dans la mesure où la plupart des candidats se définissent, ou en tout cas se positionnent, par rapport à vous : « candidat du système », « candidat hors-système », les formules se déclinent à l’infini. Comment vivez-vous cette notoriété soudaine ?
LS : C’est simple, je trouve ces déclarations parfaitement hypocrites. Car de qui parle-t-on ici ? Emmanuel Macron, énarque et ex-banquier d’affaires ? Jean-Luc Mélenchon, franc-maçon et dissident du PS ? Marine Le Pen, héritière en campagne permanente depuis 1986 ? Seul François Fillon a le bon goût de ne pas se revendiquer anti-système, ce qui serait effectivement un comble. Mais tous ces gens sont des purs produits du système ! À part Philippe Poutou à la rigueur… Tout cela n’est pas sérieux.
LG : Pour vous les revendications anti-Système confinent donc à la démagogie ?
LS : Oui, tout à fait. Leur carrière, leur visibilité, leur maîtrise des codes, ces gens-là me les doivent. Ce sont des créations du Système et qui se perpétuent par lui ! D’ailleurs peut-on seulement gouverner sans Système ? Je ne crois pas.
LG : Le Système demeure donc incontournable en 2017.
LS : Écoutez, la rupture, l’état de nature, l’anarcho-libertarisme, le gouvernement de tous par tous, la souveraineté populaire, tout ça c’est bien beau mais il s’agirait de grandir. Que signifie « rompre avec le système », au juste ? Gouverner depuis la forêt ? Faire participer tous les citoyens à l’exercice du pouvoir, même les stupides, les pauvres et les incompétents ? Vivre pieds nus ? Revenir à la cueillette et au troc, parce que l’euro crée prétendument du chômage ? Je ne crois pas.
LG : À quoi attribuez-vous cette défiance à votre égard, tous ces maux dont on vous accuse ?
LS : À de la jalousie, principalement. Ce sont les exclus du Système qui le critiquent le plus violemment. Mais moi je n’y peux rien s’ils n’ont pas pu faire l’ENA et HEC, ces cons ! (rires). Plus sérieusement, je crois qu’il y a une crainte, aujourd’hui en démocratie, que le Système ne serve plus l’intérêt général, qu’il ait été récupéré et détourné au profit d’une élite. Eh bien oui, c’est tout à fait exact. Mais les choses fonctionnent très bien ainsi, la preuve, je suis encore là ! Vous savez, le Système c’est avant tout ce qu’on en fait. La révolte, 1789, les piques et les pavés, tout ça c’est de l’histoire ancienne.
LG : Vos souhaits pour la France de demain ?
LS : Une France fidèle à ses valeurs, dirigée par un homme du Système qui s’assume comme tel, et qui continue de faire comme on fait tout le temps. Sans rupture ni changement. Jean-François Buissière 2017 !