Société
Sur son lit de mort, il se dit qu’il a vraiment bien bossé pour son entreprise
Patrice Riquet, 49 ans, est tombé par accident du 37e étage d’une tour de la Défense. Par miracle, il n’est pas mort sur le coup, mais a pu être transporté à l’hôpital où il pourra décéder sans laisser de tache disgracieuse sur la chaussée. Sur son lit de mort, il fait le bilan de sa vie et se réjouit d’avoir consacré autant de temps à PLASTIC+, la société qui l’emploie. Nous avons recueilli son témoignage.
« Voilà c’est la fin… » constate Patrice alors que l’infirmière lui demande s’il en a encore pour longtemps parce que l’hôpital a besoin du lit. « Quand je fais le bilan… Je me dis que j’ai vraiment bien bossé. Quand je suis arrivé à PLASTIC+, la société commençait à peine, l’emballage plastique personnalisé, personne n’y croyait. Ça a pas toujours été facile, mais je me suis donné à fond. Et avec le recul, je ne regrette absolument pas d’avoir fait ces réunions jusqu’à 22h, d’avoir bossé comme un dingue le weekend pour rendre les dossiers à temps, et de m’être tapé ces milliers d’heures de bouchons sur l’A86. Parce que je me dis que c’est un peu grâce à moi si la société a engrangé +22% de croissance en 15 ans. Et j’aimerais qu’on se souvienne de moi pour ça. »
Lorsque nous évoquons sa vie personnelle, Patrice se montre plus vague. « Oui, je suis divorcé. Et alors ? Oui, j’ai pas vu mes enfants grandir. Et alors ? Oui je mange devant mon ordinateur ? Et après ? On ne devient manager d’une équipe de 17 personnes en restant chez soi comme un assisté… Mes journées c’était 8h45 – 20h30 minimum et je compte pas les dimanches soirs à bosser pour le lendemain. Les 35 heures de gauchiasse, connais pas ! Quand on est cadre et qu’on veut ses primes, on se donne à fond c’est la base. Mais j’ai pas fait ça pour rien, puisque aujourd’hui grâce à PLASTIC+, des milliers de familles peuvent bénéficier d’emballages avec une photo de leur chien dessus par exemple, et ça, ça n’a pas de prix. Ou plutôt si : 19,99 euros TTC ! ». Patrice rit, mais il recrache du sang.
Lorsque nous lui disons adieu, Patrice reçoit la visite de ses collègues de PLASTIC+ : ceux qui ont partagé sa vie 12 heures par jour depuis 15 ans. Mais son sourire s’efface lorsqu’ils lui apprennent que sa chute accidentelle les « a mis dans la m**** par rapport au client » et qu’il leur « faudrait une solution de back-up ASAP, sinon ce sera la cata ». Le stress occasionné par cette nouvelle a emporté Patrice Riquet, qui, on l’espère, rejoindra le Paradis des managers.
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