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Société

Portrait: Sursis, cet inconnu qui accompagne tant de détenus français

Tout le monde connaît son nom mais personne n’a jamais vu son visage. A l’exception des prisonniers dont il a la charge. Lui, c’est Joel Sursis, un agent de probation un peu particulier. Depuis bientôt 17 ans, il est chargé d’aider les détenus français dans l’exécution de leur peine. Un suivi psychologique, social mais parfois juste pratique qui lui à valu le surnom de « meilleur ami du prisonnier ». Une mission qu’il tente d’accomplir du mieux possible malgré les problèmes de plus en plus nombreux.

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 mar 


Tout le monde connaît son nom mais personne n’a jamais vu son visage. A l’exception des prisonniers dont il a la charge. Lui, c’est Joel Sursis, un agent de probation un peu particulier. Depuis bientôt 17 ans, il est chargé d’aider les détenus français dans l’exécution de leur peine. Un suivi psychologique, social mais parfois juste pratique qui lui à valu le surnom de « meilleur ami du prisonnier ». Une mission qu’il tente d’accomplir du mieux possible malgré les problèmes de plus en plus nombreux.

Accompagner, écouter, aider

Joel Sursis connaît les prisons françaises comme sa poche. Depuis qu’il a 26 ans, il les parcourt pour porter assistance aux condamnés « avec Sursis » comme on dit dans le milieu juridique. Les aider, leur apporter de l’écoute, un peu d’humanité : il est l’unique agent de probation à fournir ce type de prestation qu’il tente de nous décrire : « Je cherche à donner du sens à la peine qu’ils font pour éviter toute récidive après leur sortie. Mais la base de mon travail, c’est d’alléger la souffrance provoquée par l’enfermement et les difficultés de la vie en maison d’arrêt. »

Pour réduire cette souffrance dont il parle, Sursis devient en quelque sorte un homme à tout faire. Il fait à manger aux prisonniers, assure le ménage de leur cellule, les aide à gérer la paperasse. Mais surtout, il leur fournit un accompagnement psychologique total, que ce soit durant les promenades, à la cantine ou dans les douches.

Pour Jean-Marie Delarue, contrôleur des prisons, l’action de Sursis est plus que vitale : «Sursis est un peu le dernier reste de dignité dans nos prisons. Il est une lueur d’espoir dans ce scandale de la République. C’est pour cela que les condamnés sont généralement soulagés lorsque leur peine comporte de la prison avec Sursis plutôt que de la prison ferme.»

Une peine avec accompagnement donc, qui peut aller de 2 ans pour les contraventions jusqu’à 5 années maximum pour les crimes et délits. Et lorsqu’il fait la connaissance d’un nouveau détenu fraîchement condamné, Joel Sursis doit créer un rapport de confiance pas forcément évident à instaurer : « C’est assez dur de leur faire comprendre qu’on est un ami et non un ennemi parce qu’on fait partie du personnel pénitentiaire. C’est pour cela que je passe généralement des semaines, parfois des mois, des années à vivre avec eux, du matin au soir. Pour créer un rapport d’intimité nécessaire au suivi. »

Une difficulté croissante à remplir sa mission

Cet accompagnement, Joel le vit comme un héritage familial : « Chez les Sursis, on est agent de probation de père en fils depuis 1891 et l’insertion dans le code pénal de ce type de condamnation avec suivi. » Mais depuis quelques années déjà, il constate une difficulté croissante à exercer son métier : « L’administration me fournit de moins en moins les moyens d’accomplir ma tâche. Et là, ça commence à devenir critique. »

Avec parfois un seul lit pour lui et le détenu, des portions de repas à partager également en deux, parfois trois suivant les cellules, l’action d’accompagnement de Sursis devient de plus en plus difficile à être acceptée par les détenus. Yohann est détenu à Fleury-Mérogis depuis 3 ans bientôt : « Il est là, il vient, il squatte notre chambre, notre bouffe. En plus, il parle tout le temps de réinsertion, d’utilité sociale. Il est relou. Il arrête pas de nous casser les couilles à chaque fois qu’on veut regarder la télé. »

Cette situation critique, faute de moyens, Sursis tente de la surmonter tant bien que mal. Parfois même en faisant appel à des proches, peu ou pas expérimentés dans le milieu carcéral : « Il y a deux semaines, j’ai été obligé de demander à mon cousin de me remplacer à la prison marseillaise des Baumettes parce qu’il fallait que j’aille dans une autre maison d’arrêt. Il n’est absolument pas formé à ce type d’intervention mais il y avait trop de détenus qui ne pouvaient attendre plus longtemps pour accomplir leur peine avec Sursis. Je lui fais entièrement confiance. Il a dû largement s’en sortir, même si je n’arrive pas à le joindre depuis pour qu’il me donne son retour. »

La Rédaction

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